C’est ce que j’ai essayé de faire comprendre à mes parents quand ils m’ont demandé : pourquoi tu ne cherches pas un travail mieux payé en France ou ailleurs?
Mon passé
D’abord, resituons un peu mon passé qui m’a amené jusqu’en Corée. J’ai fait une école d’ingénieur en électronique et informatique. En plus de mon diplôme d’ingénieur, j’ai également un master obtenu en Angleterre. J’ai ensuite commencé à travailler pour Accenture qui est une entreprise de consulting en IT. Mon premier job était architecte technique en tant que support applicatif IT pour GDF… Wow plein de mots super techniques qui font stylés sur le CV! En réalité, c’est pas si stylé que ça… Effectivement, à longueur de journée devant un PC à faire des installations de software, à corriger du code, à résoudre plein de problèmes. Bien qu’intéressant au début, car premier travail, premier salaire, on est content. On apprend plein de trucs techniques mais aussi sur la vie en entreprise donc on ne se plaint pas et on se donne à fond. J’ai tenu 2 ans et demi avant de craquer.
Besoin d’évasion et d’aventure, à ce moment-là je voulais déjà venir en Corée, j’ai donc essayé de chercher à distance sans réussite. Mais j’ai eu l’opportunité de faire un VIE (Volontariat International en Entreprise) à NYC pour la banque HSBC. Je n’ai pas hésité une seule seconde, la Corée attendra. Pendant un an et demi, j’ai fait du support IT pour les traders dans le Fixed Income. Le cadre était magnifique, bureaux sur la 5ème avenue de Manhattan, super salaire supérieur à des mecs qui ont 10 ans d’expérience en France… Une aventure magnifique sur le plan humain et professionnel également, mais pourtant, je n’étais toujours pas épanoui au travail. Ça ressemblait assez à mon précédent travail avec une routine qui s’installe en plus de la pression des traders. A la fin de mon contrat, la Corée était donc dans mes pensées et c’était vraiment le bon moment pour partir.
YAP Company
Je me suis donc retrouvé à travailler par un concours de circonstances plutôt drôle pour YAP Company qui est une grosse startup coréenne comme je l’expliquais dans cet article :
Un français dans une startup coréenne (+liens pour trouver du travail)
YAP est une sorte de Yelp ou Trip Advisor qui est combiné avec la technologie beacon.
Pour ceux qui ne connaissent pas, le beacon est un petit appareil électronique que l’on peut disposer dans des magasins par exemple et qui peut transmettre des ondes Bluetooth à un smartphone pour envoyer des coupons ou des publicités. Donc imaginez, vous téléchargez l’appli YAP, vous rentrez dans un des magasins partenaires de YAP. A ce moment-là, sur votre smartphone, vous recevez en push un coupon de réduction selon vos préférences.
De même YAP travaille avec Starbucks Coffee à Séoul où ils utilisent nos beacons pour un service de prépaiement. Imaginez que vous êtes au restaurant, et que vous prévoyez de prendre un café chez Starbucks. Utilisez l’appli de Starbucks pour prépayer un café puis allez à Starbucks quand vous le voulez. Au moment où vous rentrez, le beacon vous détecte et ils commencent à préparer votre commande. Vous n’avez plus qu’à attendre la notification quand ça sera prêt!
Nos beacons sont également installés dans les bus de Séoul et il est prévu d’en installer dans les taxis et les stations de métro de Séoul pour une ville hyperconnectée. Mon rôle en tant que manager dans l’équipe Global de Stratégie est de développer YAP à l’étranger en trouvant des entreprises qui voudraient collaborer avec YAP telles que hypermarchés, aéroports, stades de foot, etc. Je m’occupe donc de chercher des stratégies de développement, penser à de nouveaux business models, préparer des propositions à des entreprises cibles, etc.
Ambiance startup
Imaginez les grosses startups américaines à leur début comme Airbnb, Uber ou autres. Eh bien, je travaille pour une de ces startups qui est en plein développement mais en version coréenne ! Loin des gros Chaebols Samsung ou LG, l’ambiance au travail est plus jeune et détendue. L’administration et les processus ne sont pas aussi rigides qu’une entreprise implantée depuis des décennies. Donc toute solution ou tout nouveau business model qui pourrait beaucoup profiter à l’entreprise peut être bien accueilli.
Apprendre tous les jours
J’apprends énormément tous les jours. Etant donné que le domaine de mon travail est la haute technologie et les applications mobiles, il faut absolument que je me tienne au courant de ce qui se passe dans le monde. Pas seulement d’un point de vue technologique, mais également économique et politique car le tout est lié : chaque rouage a une conséquence sur les autres pour faire tourner le monde. Etre au courant des dernières innovations, de la technologie est une obligation pour ne pas se faire dépasser par les concurrents!
Avoir un bon leader
On dit souvent qu’on ne démissionne pas vraiment à cause de son travail mais plutôt à cause de son manager. Moi je peux vous dire qu’une des raisons pour lesquelles j’adore mon travail est mon manager. Le CBO de YAP Global : Lee Gi Hyeok. C’est la personne qui m’a fait passé mon entretien. Extrêmement intelligent, visionnaire et d’une humilité incroyable, à seulement 36 ans il est également CEO d’une autre boîte d’investissement. En plus, il travaille aussi pour le gouvernement et connaît la présidente Park Geun Hye. Il est également passé sur un talk show équivalent à TED talk (세바시 – 15 minutes pour changer le monde) où il explique comment il a commencé à nettoyer des toilettes pour 1.5 dollars de l’heure jusqu’à devenir CEO d’une startup internationale. Message inspirant dans cette vidéo pour ceux qui comprennent le coréen (avec une spéciale guest à la 10:27 minute :p ) :
Travailler avec ce genre de personnes extrêmement intelligentes est un vrai plaisir car on apprend énormément grâce à eux tous les jours. Comme le recommandait le CEO milliardaire d’Alibaba, Jack Ma dans cette vidéo (35:30 min), travailler pour une startup apporte beaucoup car vous apprenez à atteindre vos rêves et à vivre de votre passion contrairement aux grandes entreprises où vous n’apprenez que sur les processus et où vous n’êtes qu’une partie infime d’une grosse machine. Le plus important n’est pas pour quelle entreprise vous devez bosser mais surtout quel leader vous devez suivre :
Challenge et créativité
Tous les jours est un challenge pour moi et j’ai droit à mon lot de surprises. Par exemple, lorsque le CBO me met au courant de la présentation de l’entreprise que je vais devoir faire à des riches investisseurs de Dubaï, 5 minutes juste avant leur arrivée… Ce qui est génial, c’est que le CBO me laisse libre court à mon imagination et m’encourage à être créatif, à apporter ma touche personnelle à l’entreprise. Par exemple, participer à des événements de networking dans la communauté française de Séoul, ou plus récemment essayer de contacter l’entreprise qui a créé Pokemon Go pour travailler avec eux! Bref, ce travail est tout sauf une routine, c’est une constante réflexion sur comment se développer et « conquérir le monde ».
Quand je discute avec le CBO, je suis tellement impressionné par les stratégies qu’il manigance, dignes des scénarios les plus tordus de Tyrion Lannister dans Game of Thrones!
Se sentir spécial
Les nationalités présentes au sein de ma startup sont coréens 90% et 9,7% de chinois, et moi, « Le français ». Etant le seul européen, j’ai l’impression d’avoir un traitement de faveur. Par exemple, on me pardonne les erreurs que je fais en coréen, je ne suis pas obligé de me pencher pour saluer les supérieurs (il m’arrive même de faire coucou avec la main…), ni même de les appeler avec leur titre. Tous les jours je me sens comme… exotique !
Améliorer mon coréen
Je peux vous dire qu’à force de subir des réunions 100% en coréen seulement, j’ai énormément progressé en compréhension et également sur la prononciation. Travailler dans un environnement international est particulièrement enrichissant. D’un point de vue linguistique notamment, entre mes collègues chinois et coréens, les entreprises espagnoles à contacter, j’en oublie mon français parfois…
A lire aussi : Comment améliorer son Coréen sans prendre de cours ?
Construire mon réseau
Ce travail me permet de développer un super réseau avec des contacts de grosses entreprises un peu partout dans le monde telles qu’Alibaba, GAP, IKEA, ONU, etc. Mon carnet d’adresses commence à être bien fourni avec les centaines de cartes de visite échangées, et on ne sait jamais ce que l’avenir nous réserve.
Partir en business trip
« Jake, vendredi on va à Tokyo pour rencontrer des investisseurs. » C’est le genre de phrases que j’entends… Je fais souvent des business trips que ce soit à HK, en Chine, au Japon ou autres pour aller au siège de grandes entreprises pour leur faire des propositions et des pitchs. Les business trips peuvent être aussi bien éprouvants (aller-retour dans un pays en deux jours) ou plus détendus avec quelques moments de temps libre durant lequel je peux un peu en profiter. Dans les deux cas, c’est toujours l’aventure et l’entreprise prend tout en charge ^^.
A lire aussi : Business trip à Barcelone
Dîners d’entreprise
Les dîners d’entreprise sont un vrai moment de détente où on mange super bien et surtout où on boit super bien… En business trip ou à Séoul, on a toujours été invité dans des restaurants classes et délicieux. Je ne m’en lasserai jamais !
Voici un aperçu en vidéo de ce qui se passe dans ce genre de dîners :
La suite
Beaucoup de projets sont en cours, avec de grandes entreprises et même des entités gouvernementales. Un business trip est même prévu au Bangladesh pour pouvoir nous exporter là-bas! C’est vraiment avec beaucoup d’excitation que j’appréhende l’avenir au sein de cette entreprise. Si jamais on venait à ouvrir une branche en France, il y aurait de grandes chances que j’en sois à la tête ^^.
Finalement je réalise que se lever tous les jours pour faire un travail qu’on aime est possible. On a envie que d’’une chose, c’est d’en faire encore plus pour réussir tout ce qu’on entreprend. Vous êtes jeunes et vous n’êtes pas heureux au travail en France? Essayez un autre domaine, partez à l’aventure dans un autre pays. N’ayez pas peur d’essayer et de vous relever de vos échecs. Qu’avez-vous à perdre dans le pire des cas? Une année ou deux? Changez de travail, apprenez sur vous-même et peut-être qu’un jour vous arrêterez de vous plaindre de votre situation au travail comme je le faisais.
« Choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie. » Confucius
Et voici à quoi ressemble mon quotidien en vidéo :
Ton témoignage est vraiment très intéressant. Il n’y a rien de mieux que de trouver un travail, un environnement dans lequel on se sent bien. Et en général, quand ça se passe bien, on peut apprendre énormément de choses dans une start-up et avoir la possibilité plus facilement d’occuper une place à responsabilité.
Bon courage et bonne continuation !
Maëva
Exactement Maëva, c’est trop ça! Merci pour tes encouragements 🙂
Bonjour Jake,
Super article très inspirant! Je compte partir en PVT en Corée en Septembre, je ne sais pas si ce sera l’idéal pour trouver un boulot intéressant mais ce sera au moins un début! Merci pour tes encouragements, je les prends vraiment pour moi du coup!
Au plaisir de te rencontrer,
Sarah
Bonjour Sarah, merci a toi d’avoir lu, je suis ravi de voir que ca ait pu t’inspirer. C’est genial que tu puisses faire le grand saut et venir ici. Si tu as des questions, n’hésite pas!
Love love love ❤️Hehe
Haha thanks thanks thanks ^^
Ton article est bon, ce que tu évoques nous fait poser des bonnes questions!
Mais…aurais tu changé de travail en Corée, si tu avais eu à faire la même chose qu’à New York ou en Europe?
Par le biais du Wwoofing en corée, je pourrais voir quels sont les différences dans le milieu du travail par rapport à la France (je travaille dans l’agriculture). Alors peut être que cela me donnera des idées également
Bonne journée!
Merci à toi pour ton commentaire, justement j’avais demandé lors de mon entretien à faire autre chose que ce que je faisais avant. A ce moment la une petite voix me disait ( mais qu’est-ce que tu fais pourquoi tu te lances dans un truc que tu ne connais pas? ) Mais une autre partie en moi me disait, tu t’en fiches, joue la en mode « YOLO », peu importe ce qui se passera! C’était comme si j’étais au bord d’un plongeoir et que je me poussais à sauter malgré la peur. Donc dans ma situation j’étais déjà en mode je veux changer. Mais admettons que j’avais un poste identique à mes precedents et que ca me saoulerai je pense que j’aurais également tout fait pour partir.
Super pour le Wwoofing, j’aimerais bien tester aussi le temps d’un weekend, j’en suis sur que quoiqu’il arrive ca sera une superbe experience pour toi!
D’accord, je comprends ton envie de changement. Sur le coup,tu ne manques pas de sang-froid!
Pour le wwoofing, je ne sais pas trop à quoi m’attendre, tu es le mieux placé pour savoir les différences dans le milieu du travail en Corée comme en France. Mais dans un sens, j’ai déjà travaillé dans les champs pendant des années. Donc l’un des seuls dépaysement que j’aurai là bas, sera vraiment la communauté, haha
Même un week end ça peut être sympa, les campagnards sont plutôt cools!
Bogoss
Bravo Jake ! Super état d’esprit et article très intéressant. Bonne continuation à toi et plein de succès !
Merci beaucoup Adèle 🙂
Salut ,
En lisant, ton message je viens de réaliser que je suis dans la même situation .
J’aime mon métier mais pas les possibilités que m’offre mon lieu de travaille ( vraiment le lieu dans mon cas et non le patron, il fraudais le même patron mais dans un autre lieu )
Je croyais que le temps m’avais juste blaser mais en lisant ton article, je réalise que non.
C’est pour cela que j’avais peur de tout abandonner et devoir recommençais à mon retour .
Bon c’est sur que je ne vais pas travailler en corée du sud mais peut-être que ce 6 mois vas tout changer (étude du coréen)
on ne sais jamais .
merci
Salut,
Wow, c’est dingue, je présume que tu dois surtout beaucoup travailler, au moins tu peux voir les efforts de ton travail au fil du temps, tandis que dans une grosse entreprise cela doit être plus dur.
Je dois également m’installer en Corée (autant dire sacré changement) pour une entreprise IT. J’espère que cela se passera tout aussi bien ^^ ce sera une première pour moi.
Très bon article!
Quel parcours dis donc! Je connais bien le monde de l’informatique (avec des amis chez Accenture, sigma… et mon conjoint dans une boite d’info mais à taille humaine, 230pers) et je comprend la pression et tout le reste.
Moi j’ai toujours travaillé dans de petites entreprises et je t’avoue que ça a aussi beaucoup de contrainte même si on se sent plus intégrée.
Cela fait maintenant 2 ans1/2 que je suis à mon compte et le monde des travailleurs indépendants c’est encore une autre histoire. Pas de collègues, sniff, mais pas de patron mais des clients exigeants et un planning à gérer et réussir à compartimenter le tout (parfois très compliqué). Bref, comme tu dis se lever tous les jours pour faire un travaille qu’on aime c’est possible. Et on peut changer de job à tout âge (moi je suis presque jeune, 36 ans) après partir dans un autre pays quand on est en couple avec des enfants c’est plus compliqué mais bon si on a la motivation!
Moi du coup je viens en mai (je t’ai laissé un message sur instagram) pour visiter la fontaine du bampo Bridge et la fontaine des Rêves à Busan (mon boulot est dans la conception technique de fontaines et effet d’eau, c’est un métier de niche, on n’est m^me pas une dizaine en France à faire ça).
Le plus important c’est d’aimer ce qu’on fait.
SI vous ouvrez en france et que vous cherchez des profils en cybersécurité avec soif d’international, business trip et compagnie avec un gros like pour la corée et l’asie du pacifique, I’m Here xD