Les métisses coréens en Corée du sud : Témoignage

Annyeonghaseyo Korean-dreamers ! Aujourd’hui, je vais vous parler des hon-hyeol (métisses coréens) en Corée du Sud. Quelle place ont-ils dans la société ? Comment vivent-ils leur différence ? Pour le savoir, j’ai interrogé An Siyeon, une métisse Franco-Coréenne vivant en Corée du sud.

La première chose qu’ils vont voir, c’est mon physique

AN SIYEON

Depuis quelques années, il y a de plus en plus de couples mixtes qu’on voit dans les rues ou même dans les médias, sur Youtube, à la télé… Que ce soit un étranger avec une coréenne ou un coréen avec une étrangère, de cet amour peut naître un beau petit bébé métisse coréen. En Corée, on appelle les métisses des hon-hyeol. Ce terme est assez rude si on le traduit en français puisque mot à mot, il veut dire « sang mélangé ». Ca me rappelle qu’il n’y a pas si longtemps encore, en Corée, les étrangers étaient qualifiés administrativement d’aliens. On avait donc une carte d’identité Coréenne qui s’appellait la « alien card ». De nombreux étrangers se sont plaints et finalement, en 2020, cette appellation a été retirée. Cela prouve qu’il y a pas mal de changements pour les étrangers et je me suis demandé ce qu’il en était des métisses coréens. Je me suis dit pourquoi pas poser la question directement à une personne concernée. J’ai donc recueilli le témoignage de An Siyeon.

An Siyeon : Bonjour ! Je m’appelle An Siyeon, Siloe Anzardi en français. J’ai 25 ans. Je travaille dans l’audiovisuel, dans le mannequinat et je donne aussi des cours d’anglais. Enchantée !

Jake : Lequel de tes parents est coréen ?

An Siyeon : Ma maman est Coréenne et mon père est Français. Ils ont fait les mêmes études en Suisse. Ma mère était venue de Corée et mon père était venu de France. Ils étaient dans la même université. Maman a commencé à demander des cours de français à mon et père mon père a dit qu’il voulait justement en donner. Ça a commencé comme ça et puis ils se sont mariés pendant leurs années à l’université, donc presque directement au bout de trois ans.

Quelle langue parlez-vous en famille ?

An Siyeon : On ne parlait que Coréen avec notre mère et que Français avec votre père. C’est comme ça qu’on a pu apprendre le Coréen depuis qu’on est enfants. Il y a beaucoup de métisses coréens qui n’arrivent pas à apprendre les deux langues au début mais notre mère faisait comme si elle ne comprenait pas le Français, alors on était obligés de lui parler en Coréen.

Jake : Quand es-tu arrivée en Corée ?

An Siyeon : J’étais en France jusqu’à ma seconde et en fait, c’était un peu la K-pop qui m’avait attirée à ce moment. Je voulais aller dans une école un peu plus artistique. Il y a justement une école qui est super connue (SOPA). On la reconnait à son uniforme jaune. Il y avait par exemple toutes les Miss A là-bas et puis BTS, aussi. J’avais déposé mes dossiers dans les écoles, j’ai été acceptée et donc je suis venue en Corée.

Jake : Tu voulais faire idole à la base ?

An Siyeon : Un peu oui, au début. Après, ça a beaucoup changé.

Jake : Quel est ton niveau de Coréen ?

An Siyeon : Je pense qu’au niveau du vocabulaire, j’en ai bien moins que les Coréens qui ont étudié toute leur vie en Coréen. Par exemple, pour les mots professionnels, j’ai un peu plus de mal. Je n’ai pas l’impression d’avoir un accent mais quelques personnes me disent que j’en ai pour certains mots. À part ça, la plupart des gens disent que je n’ai pas d’accent.

Jake : Est-ce qu’on t’a déjà fait des remarques désobligeantes en France ou en Corée ?

An Siyeon : Pour eux c’est (les remarques) pas si désobligeant mais pour moi, un peu. J’en ai un peu marre de certaines questions. Il y a beaucoup de personnes qui me disent « pourquoi tu es revenue en Corée alors que c’est un beau pays la France ? », « Pourquoi tu as laissé la France pour revenir en Corée, tu devrais repartir en France ». J’ai envie de leur dire : c’est mon choix !

Ils peuvent penser que par rapport à ton pays, ton caractère ou tes valeurs vont beaucoup changer.

An Siyeon

Ils peuvent penser que par rapport à ton pays, ton caractère ou tes valeurs vont beaucoup changer. Dès fois, ils te prennent pour quelqu’un d’un peu plus légère. Il y a beaucoup de gens qui me prenaient moins au sérieux ou qui me voyaient juste totalement comme une étrangère, donc pas vraiment quelqu’un de qui tu peux te rapprocher. Souvent, beaucoup de gens disent qu’ils pensent que les étrangers sont plus faciles ou plus cool. Facile et cool c’est différent ! C’est pas parce que t’es plus cool que t’es une fille plus facile. Tu peux être cool et en même temps, avoir tes valeurs. Et puis quand tu n’aimes pas quelqu’un, tu n’aimes pas quelqu’un et quand tu aimes quelqu’un, tu aimes quelqu’un mais pour eux, c’est un peu la même chose.

Par exemple, quand j’étais au lycée, il y avait des mecs qui me demandaient de boire de l’alcool avec moi chez moi juste comme ça, alors que je ne les connaissais même pas ! Pour eux, c’est la façon française de faire. Ils disaient : « vous êtes tous cool et quand vous vous voyez pour la première fois, vous buvez de l’alcool chez la fille ». Moi j’étais en mode « ça marche pas comme ça ! »

Il y a un truc qui m’avait vraiment choquée mais j’essaye de tout mettre dans l’ignorance parce que sinon, il n’y a pas de fin. Par exemple, quand j’avais des vidéos sur Youtube, dans les commentaires, il y avait des personnes qui disaient « Elle a une grande poitrine parce qu’elle est métisse ». C’est super dérangeant et pas vrai, ça ne dépend pas du tout de ce fait là ! Il y a beaucoup de remarques de ce genre. Par exemple : « elle est comme ça parce qu’elle est métisse » alors que c’est juste parce que je suis moi. La plupart des remarques, ça vient de l’ignorance et c’est dérangeant.

Jake : Comment es-tu vue par les Français et Coréens ?

An Siyeon : (En France) Je me souviens de quand j’étais au lycée, la plupart des personnes ne me considéraient pas comme une Asiatique. Quand mes amis ont su que j’étais à moitié Asiatique, j’avais des remarques plutôt mignonnes du genre « oh mon petit soleil jaune ». Donc c’est un peu raciste mais c’est en même temps mignon, ça va. En plus quand ce sont tes amis qui disent ça, ça passe. Je pense que le plus important, c’est que je parlais Français, du coup ça ne faisait pas une grande différence pour eux que je sois à moitié Asiatique ou à moitié je ne sais pas quoi. En Corée, je suis vraiment vue comme une Française 100%, enfin étrangère à 100%. Même pas un côté Asiatique, vraiment étrangère à 100% physiquement. La première chose qu’ils vont voir ça va être mon physique : étrangère, pas Coréenne. Au début, il y a un mur mais après, quand ils vont savoir que je parle Coréen, ça va être un peu plus facile pour eux de se rapprocher. Je n’ai pas eu trop de mal, au final. Et puis, comme j’ai fait mon lycée et mon université en Corée avec des Coréens, maintenant j’ai vraiment beaucoup d’amis Coréens. Ça n’a pas duré longtemps cette barrière. Au début, c’est juste la barrière physique.

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« ça n’a pas duré longtemps cette barrière » An Siyeon

Jake : Les Coréens t’acceptent-ils comme une Coréenne ?

An Siyeon : Je pense qu’ils m’acceptent vraiment comme une Coréenne mais après, c’est plutôt moi qui vais être en mode « ça c’est un peu différent de la culture que je connais », « cette partie de la culture Coréenne, c’est pas trop mon truc ».  C’est moi qui vais me dire « en fait je pense que je ne suis pas 100 % Coréenne » mais de leur côté, ils ne vont pas mettre de barrières.

Jake : Tu te sens plus Française ou Coréenne ?

An Siyeon : Je pense que je suis vraiment un mix de tout et puis je n’arrive pas à mettre de pourcentage pour chaque partie, du genre 80 % Français, 60% Coréen. Il y a beaucoup de choses dans la culture Française que j’aime et que je préfère par rapport à certaines choses dans la culture Coréenne. Par exemple, les Français quand ils travaillent, ils travaillent vraiment mais après, quand c’est fini, c’est vraiment fini. Alors qu’en Corée, quand c’est fini c’est pas vraiment fini. C’est quelque chose que je n’aime pas en Corée. Mais sinon, il y a un truc typiquement Coréen, c’est qu’ils ne sont pas très individuels. C’est vraiment un grand groupe où ils aiment beaucoup s’aider, c’est tout le monde est dans la même famille et ça j’aime bien dans la culture Coréenne. Je pense que je suis vraiment comme ça moi aussi personnellement. J’ai un peu de chaque culture.

Jake : Que réponds-tu aux personnes qui te demandent de choisir entre la France et la Corée ?

An Siyeon : Je réponds tout le temps qu’il y a un bon côté et un mauvais côté pour chaque pays et que pour l’instant, pour ma situation, je préfère la Corée. Mais par exemple si je veux une famille ou si je veux éduquer mes enfants, je préférerais peut-être la France. Au niveau éducation je pense toujours que la France est meilleure que la Corée. Il y avait un Coréen qui vivait en Angleterre qui m’a dit : « la différence entre la Corée et les pays européens, ça serait que la Corée c’est un enfer amusant et les pays européens, un paradis ennuyeux ». Je me suis dit « c’est ça, c’est ça ! ».  En Corée, c’est vraiment l’enfer mais c’est amusant et quand tu es en Europe c’est le paradis mais c’est super ennuyeux au bout d’un moment.

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Jake : Est-ce que les métisses blancs, noirs ou asiatiques sont traités différemment ?

An Siyeon : Complètement différent ! Déjà, je pense que les Coréens ont de vieilles habitudes. Ils préfèrent tout le temps les blancs. Ils pensent que les blancs sont plus élevés que les autres types de métisses. Les métisses africains et blancs, ils n’aiment pas trop parce qu’il y a beaucoup de personnes qui croient que souvent, ils viennent des « 미군 » (Mi-gun), les soldats américains qui étaient là avant et qui se sont mariés avec des Coréennes. Ils créaient beaucoup de problèmes, étaient très violents ces soldats Américains en Corée et parmi eux il y avait des Américains Africains. Quand ils voient des métisses Africains-Coréens, ils disent « ça vient des familles comme ça ». Pour eux, c’est pas quelque chose de bien. Et au niveau de la couleur de peau, il y avait une remarque qui m’avait vraiment choquée. J’avais un ami Africain et heureusement il ne parlait pas Coréen, mais on était entrés dans le bus et puis il y a une mamie qui a dit « oh mais il est trop noir, même noir ça va mais là il est trop noir ». Moi je me suis dit « C’est quoi cette distinction ?! ».

An Siyeon : Pour l’Asie (les métisses Asiatiques), peut-être parce qu’ils sont pays concurrents (la Corée et les autres pays d’Asie) et qu’il y a beaucoup de mariages arrangés :  des Coréens qui vont se marier avec des Vietnamiennes, ou Cambodgiennes ou Philippines…  C’est un peu ce qu’ils pensent quand ils voient des enfants métisses comme ça et c’est pour ça qu’ils n’aiment pas.

Ces pays-là sont déterminés par la Corée comme des pays en cours de développement et du coup, ils vont avoir un regard un peu plus abaissant sur les enfants qui sont métisses de ce côté-là. C’est triste parce qu’il y a beaucoup de métisses qui vont être 100% Coréens, ils vont  être nés en Corée, ils vont faire toute leur vie en Corée et puis auront quand même tout le temps ce regard sur eux alors qu’ils sont 100% Coréens au fond.

Jake : Les moeurs changent-elles par rapport aux métisses Coréens ?

An Siyeon : Ça commence à changer un peu. Par exemple, au début, quand je suis revenue en Corée, la plupart des gens qui me voyaient commençaient à parler en Anglais ou autres. Ils ne me parlaient pas en Coréen en tout cas. Et puis quand je disais que j’étais métisse coréenne, c’était vraiment trop bizarre pour eux, c’était tout nouveau. Aujourd’hui, la réaction des gens en face de moi est totalement différente des réactions que j’avais il y a cinq ans, sept ans.

Il y a sept ans, j’avais fait une vidéo justement sur les métisses coréens. Avant que les gens me voient, on leur demandait s’ils pensaient que les métisses parlaient Anglais, Français ou s’ils pensaient que les métisses se sentaient plus Coréens ou étrangers. Et puis les personnes répondaient vraiment de la manière dont j’aurais aimé que tout le monde réponde : ça dépend de l’éducation, ça dépend où elle a vécu, ça dépend de ses parents, ça dépend de toute sa vie quoi. Et là je me suis dit « ah voilà, maintenant les personnes commencent à être un peu plus éduquées de ce côté-là et commencent à changer un peu leur façon de penser ». Ça va de mieux en mieux. Beaucoup de personnes disent qu’il faut qu’il y ait deux générations en plus qui passent pour que ça change complètement. Je me dis que c’est dans longtemps mais ça commence quand même à changer.

Jake : Est-ce plutôt positif ou négatif d’être métisse en Corée ?

An Siyeon : Je pense qu’au niveau de ton identité, c’est plus facile d’être 100% quelque chose : 100 % Coréenne, 100 % Française. Après, j’aime beaucoup être métisse parce que je me dis que je peux faire beaucoup de choses en tant que Coréenne et aussi beaucoup de choses en tant que Française. Et puis surtout, comme je parle plusieurs langues, je peux travailler dans plusieurs domaines. Mais si tu es très sensible au niveau du racisme, je pense que des fois c’est pas très cool.

Jake : Avantages ou inconvénients pour trouver du travail ?

An Siyeon : Ça dépend dans quel domaine je trouve du travail. Je pense que c’est un avantage surtout au niveau des langues. Encore, pareil, niveau physique ils veulent quelqu’un qui ait l’air étranger pour faire des cours de langue. Par exemple, je donne des cours d’Anglais et ils ne veulent pas d’Asiatiques qui parlent anglais. lls veulent des gens qui ont un physique « anglais », enfin c’est bizarre… Après j’ai l’impression j’ai plus de chance parce que, si j’étais 100% Coréenne et que je parlais anglais ils ne m’auraient jamais prise. Mais puisque j’ai un petit côté « je ne sais quoi », j’ai plus de chance.

Là où je travaille, les Coréens qui parlent super bien anglais vont tous faire des petits boulots. Ils ne vont pas être payés en tant que professeur mais comme manager ou personnel du staff. Certaines personnes qui ont l’air étrangères et qui enseignent l’anglais ne parlent même pas bien anglais et pourtant, elles vont les embaucher parce qu’ils en ont besoin sur les photos, voilà.

Quand ils vont montrer les photos des enfants aux parents pour dire « il a appris ça aujourd’hui », ils veulent tout le temps qu’il y ait un étranger sur la photo pour l’effet international.

Jake : Toi, tu as les deux.

An Siyeon : Heureusement que ça va pour moi de ce côté-là mais c’est triste pour les autres.

Jake : Avantage ou inconvénient avec les mecs ?

An Siyeon : Alors je voudrais dire avantage parce que tu peux profiter de l’effet « curiosité ». « C’est très curieux tout ça…» Tu peux attirer un peu plus d’attention, mais après il y a des fois quand c’est vraiment des Coréens qui n’ont pas eu beaucoup d’expérience avec les autres étrangers, ils vont être curieux sur toute la longueur et c’est un peu fatigant. C’est difficile de se rapprocher dans ces conditions parce qu’ils te voient vraiment en tant qu’étrangère. Ça dépend vraiment des Coréens.

Tu sais qu’il y a une expression qui dit « chevaucher un cheval blanc ».  C’est une expression vraiment pas bonne. En fait, le cheval blanc ça fait référence aux blancs (femmes), aux étrangers. Être sur un cheval blanc c’est un peu comme les beaux princes qui sont sur leur cheval blanc et pour eux, c’est comme un trophée d’être avec une étrangère. Avant il y avait beaucoup de personnes qui pensaient comme ça et du coup qui voulaient se rapprocher à cause de ce fantasme. Ils ne voulaient que des étrangères.

Jake : Est-ce que c’est juste un fantasme sexuel pour s’amuser ou ça peut être pour se mettre avec quelqu’un sur le long terme ?

An Siyeon : Je pense que l’expression c’est vraiment le fantasme sexuel et le fait d’avoir un trophée à montrer à tout le monde, montrer qu’être avec une étrangère, « ça élève un peu ma position ». Il y a quand même des personnes qui préfèrent les étrangères aux Coréennes parce qu’ils ont plus d’expérience par exemple à l’étranger et ils savent qu’au niveau de leurs valeurs, ils vont mieux avec des étrangères. Parfois fois il y a des personnes qui vont préférer les étrangères mais pas que pour des questions de fantasmes.

Jake : Un dernier mot pour les « ignorants » ?

An Siyeon : En France, la plupart des gens le savent parce qu’il y a tellement de métisses, tout le monde est tellement mélangé… Maintenant on sait que chacun est différent et que chacun a sa propre identité. Ce n’est pas en fonction de tes parents ou en fonction de ton pays que tu vas être comme ci, comme ça ou que tu vas avoir un caractère de tel genre. Je pense que les Coréens aussi maintenant doivent commencer à apprendre que ce n’est pas en fonction de ton pays ou de la nationalité que tu vas être d’une telle façon mais que c’est vraiment ta propre identité.

Jake : Merci à An Siyeon d’avoir partagé son histoire est comme elle l’a très bien souligné, son témoignage est unique et chaque personne est différente donc elle ne peut pas représenter l’ensemble des métisses Franco-Coréens. D’ailleurs, si parmi vous il y a des métisses Franco-Coréens, que vous soyez blanc et Coréen, noir-coréen, asiatique… Enfin tous les cocktails possibles de métisses coréens et si vous voulez partager vos témoignages et votre histoire, n’hésitez pas à envoyer un petit message. Comme ça, on pourra avoir un panel de profils plus complets et plus diversifiés qui aidera à mieux comprendre le métissage.

Anyeong !

Rawia
Rawia

Salut ! Moi, c’est Rawia (Ra-Vi-A) ! Je suis auteure de romans young adult passionnée par la Corée du sud. Dramaddict et coréenne dans l’âme, je vous fais découvrir mon amour pour le pays du matin calme à travers des articles 100% Corée. Bonne lecture !

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